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Yaoundé - 16 mai 2024 -
Agriculture

Au Cameroun, l’UE prend des mesures pour contrer l’entrée du cacao issu de la déforestation sur son marché

Au Cameroun, l’UE prend des mesures pour contrer l’entrée du cacao issu de la déforestation sur son marché

(Investir au Cameroun) - L’importation en Europe de cacao issu de la déforestation sera impossible à partir du 1er janvier 2025, avec le nouveau Règlement européen sur la déforestation (RDUE) adopté par le Conseil de l’Union européenne (UE) en mai 2023. En prélude à l’entrée en vigueur de ce règlement, l’UE a décidé de prendre des mesures pour minimiser le risque que des produits associés au déboisement en provenance du Cameroun entrent sur son marché. Elle vient à cet effet de lancer un appel d’offres pour le recrutement de trois cabinets de géomètres assermentés, dans le cadre de son programme « Cacao durable ».

Il est question, apprend-on, d’« accélérer sensiblement » la mission du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) dans l’identification des producteurs de fèves et le géoréférencement de leurs parcelles sur l’étendue du territoire camerounais. Ceci, afin « d’assurer une couverture nationale et équitable de l’exercice de recensement et de géolocalisation ». L’appel d’offres est ouvert jusqu’au 22 mars 2024. Selon le document qu’Investir au Cameroun a consulté, les cabinets contractés devront identifier les producteurs (membres et non membres du CICC) de préférence dans les zones à forte densité forestière, et géolocaliser les exploitations cacaoyères par lot pré-identifié.

L’UE justifie le lancement de cet appel d’offres « au regard des enjeux liés à la mise en conformité urgente de la filière cacao du Cameroun avec le futur Règlement européen contre la déforestation ». Ce règlement, applicable dès le 1er janvier 2025, exige des entreprises qu’elles veillent à ce que le cacao et les produits dérivés (comme le chocolat et la pâte de cacao) qu’elles importent dans l’Union soient produits d’une manière qui ne contribue pas à la déforestation. À compter de cette date donc, tout importateur de cacao devra prouver, documents à l’appui, que ses produits ne proviennent pas de terres qui ont été déboisées après le 31 décembre 2020.

Pour chaque container de cacao, l’importateur devra être en mesure de fournir une liste des producteurs qui ont contribué au lot de cacao avec les cordonnées GPS de leurs parcelles. La traçabilité physique devant être respectée non seulement par les producteurs, mais aussi par les collecteurs de fèves sur le terrain, les transformateurs et les exportateurs, selon les exigences de l’UE. Les entreprises devront également vérifier que ces produits respectent la législation du pays de production, y compris les droits humains et les droits des populations autochtones.

En clair, pour entrer dans l’UE, le cacao camerounais devra être traçable, certifié « zéro-déforestation » et conforme « aux lois camerounaises pertinentes sur les droits d’usage des terres, l’environnement, les droits de l’Homme, les droits des peuples autochtones, le travail, le commerce, les douanes et les taxes », selon la fiche d’information du RDUE sur le Cameroun. Cela veut dire que les producteurs qui cultivent sur des terres récemment déboisées devraient ne plus pouvoir vendre leurs récoltes aux principaux acheteurs de cacao à l’échelle nationale et internationale, le cacao étant « l’un des moteurs de la déforestation au Cameroun », d’après l’UE.

L’UE est le plus grand importateur de cacao au monde, avec un volume représentant 60% des importations mondiales des fèves, provenant principalement de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Cameroun. En 2020, le Cameroun a exporté 65% de sa production de cacao vers l’UE. Le gouvernement camerounais s’est engagé à promouvoir la production d’un cacao sans déforestation, en misant sur « l’intensification et la diversification durables des revenus » pour « cultiver plus de cacao sur moins de terres ». Le programme « Cacao durable » de l’UE appuie le Cameroun dans la réalisation de ses objectifs en termes de durabilité économique, environnementale et sociale de la production de cacao.

 Patricia Ngo Ngouem

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